Séminaire de recherche Cultures et Histoires de Mode
THÈME 2022/2023:
DÉCONSTRUIRE LA NOTION DE "MODE PARISIENNE": VERS UN RÉCIT DÉHIÉRARCHISÉ
Séance du 1er décembre 2022
Cette séance s'inscrit dans notre thématique annuelle Déconstruire l'histoire de la mode parisienne : vers un récit déhiérarchisé.
L’histoire de la mode écrite jusqu'à aujourd'hui est principalement une histoire de la haute couture, de la créativité et du « génie » de quelques individus, de produits exclusifs et extraordinaires, de photographies publiées sur papier glacé et de la figure, devenue mythe, de La Parisienne. La mode a été largement promue par les médias, la publicité et le tourisme comme un élément essentiel de la modernité occidentale, trouvant ses racines dans la capitale française. Les discours promotionnels et culturels développés autour de Paris « capitale mondiale de la mode » – aussi séduisants et économiquement attrayants qu'ils aient pu être et soient encore – ont eu des retombées culturelles, économiques, culturelles et politiques importantes sur les autres pays et sociétés qui n'ont pas été suffisamment analysées et qui bénéficieraient d’études critiques transdisciplinaires. S'appuyant sur les travaux fondateurs des chercheurs nous ayant précédés, le séminaire vise à déconstruire les récits dominants autour de la « mode parisienne », à contribuer à la réécriture d'histoires de mode déhiérarchisées et décentralisées.
La séance de séminaire Cultures et Histoires de mode du 1er décembre 2022 est consacrée à la question du "Made by. Repenser la notion de travail et le rôle de l’immigration dans la mode ”. Elle vise à réévaluer la notion de travail dans l’industrie de la mode parisienne à travers l’analyse du rôle joué par des acteurs, souvent laissés dans l’ombre : les femmes et les immigrés. Les premières, longtemps reléguées à un rôle de « petites mains » ou de travailleuses à domicile, ont joué un rôle essentiel au sein des ateliers de couture sur mesure et de confection. Il en va de même des immigrés et des immigrés qui, de plus en plus nombreux au cours du XXe siècle, rejoignent l’industrie, alors flexible, du prêt-à-porter, et aujourd’hui de la fast-fashion, faisant évoluer la géographie de la production vestimentaire, du Sentier à Aubervilliers aujourd’hui.
Trois chercheuses nous font le plaisir d’intervenir lors de cette séance :
• Ya Han Chuang, Postdoc researcher, Centre de Recherches Internationales (CERI), Sciences Po; auteur de “Une minorité modèle ? Chinois de France et racisme anti-Asiatiques (La Découverte, 2021): “The invisible Chinatowns : Chinese immigrants and textile in Paris since the 1980’s”
• Nancy Green, Directrice de Recherche EHESS, auteur de Migrations d’élites. Une histoire monde, XVIe-XXIe siècle, avec Marianne Amar aux PUFR, sortie le 10 novembre: “Le rôle de l’immigration et des immigrés dans la mode française du début du 20e siècle”
• Fanny Gallot : Maîtresse de conférences à l’Université Paris-Est Créteil; auteur de En découdre. Comment les ouvrières ont révolutionné le travail et la société (La Découverte, 2015): “La mode française au prisme des questions de genre et de travail”.
Fashion Cultures and Histories – Research Seminar Series
EDITION 2022/2023:
ECONSTRUCTING PARIS FASHION: TOWARDS A DE-HIERARCHIZED NARRATIVE
This session is part of our annual theme Deconstructing the history of Parisian fashion: towards a dehierarchical narrative
The history of Paris fashion has largely been told as a story of high fashion, of individual creativity and genius, of exclusive and perfect products, glossy images, and the enduring figure of La Parisienne. Fashion here has been largely promoted by media, advertising, and tourism as an essential element of global Western modernity, rooted in the city of Paris. The commercial and cultural narrative of Paris as “world capital of fashion” – as enticing and economically successful as it may have been and still is – has had significant consequences that have not been sufficiently analysed and call for a transdisciplinary critical enquiry.This seminar series aims to deconstruct dominant narratives around “Paris fashion”, to contribute to the re-writing of de-hierarchized and de-centralized fashion histories. To do so, it builds on and brings together seminal research, practices, and perspectives.
The Cultures et Histoires de mode seminar session of December 1, 2022 is devoted to the question of “Made by. Rethinking labour and immigration in fashion”. It aims to reassess the notion of work in the Parisian fashion industry through the analysis of the role played by actors, often left in the shadows: women and immigrants. The former, long relegated to the role of "petites mains" or home workers, played a vital role within the couture and ready-to-wear workshops, so did immigrants who, in increasing numbers during the 20th century, joined the then flexible industry of prêt-à-porter, and today fast-fashion, changing the geography of clothing production, from Sentier to Aubervilliers today.